Movember : parlons prostate
Comme le mois d’octobre l’a été pour le cancer du sein, le mois de novembre
est désigné comme celui des cancers de l’homme. Parmi ceux- ci le cancer de la
prostate est un des plus fréquents (En France : 50 000 cas par an entrainant 8 000
décès, c’est la troisième cause de mortalité par cancer chez l’homme)
- Il existe depuis longtemps une vaste polémique quant à l’intérêt du dépistage
par PSA, qui est le marqueur sanguin spécifique de ce cancer et qui se fait sur
une simple prise de sang. Il peut s’élever alors que le patient n’a aucun
symptôme urinaire, le dosage systématique peut ainsi permettre de
diagnostiquer précocément un cancer de la prostate . - Cependant l’Inca (Institut national du cancer ) et la HAS (Haute Autorité de
Santé) se prononcent jusqu’à aujourd’hui contre ce dosage fait de façon
systématique, s’appuyant sur les très nombreux travaux publiés qui ne
permettraient pas de se prononcer formellement.
La publication du 30 octobre 2025 de l’ERSPC publiée dans le NEJM (voir Réf. en
bas) va certainement relancer cette polémique car cette colossale étude est une
recherche très solide méthodologiquement :
- Étude comparative prospective (randomisée) par tirage au sort
- Échantillon important : plus de 160 000 hommes, âgés de 55 à 69 ans,
la moitié ont eu un dosage systématique du PSA, la moitié ne l’ont pas
eu. - L’étude a commencé en 1993 et le suivi médian des patients est très
important (23 ans).
Les résultats plaident en faveur d’un dosage du PSA :
- 14% de cancers diagnostiqués dans le groupe PSA
- Diminution de 13% de la mortalité dans ce groupe (proche de la réduction par
dépistage dans le cancer du sein (15 à 20%) et dans le cancer du côlon (10 à
25%) !!! - Au final 1 mort est évité pour 500 patients testés, et en cas de découverte de
cancer (sur ces 500 patients) 1 mort sur 12 est évité.
Bien sûr on pourra beaucoup polémiquer sur cette étude (ce n’est pas possible
dans cette lettre) mais :
le nombre de vies sauvées par le dépistage du cancer de la prostate est proche
de celui du dépistage du cancer du sein ou du côlon et à titre personnel, je vois
beaucoup de cancers, chez des hommes sans symptôme urinaire –
relativement jeunes ou en tous cas avec une espérance de vie de plus de 10
ans – chez qui un dosage systématique de PSA a permis un diagnostic
précoce qui leur a sauvé la vie.
Le PSA est le seul marqueur tumoral spécifique, capable de faire le diagnostic
précoce d’un cancer, avant qu’il ne soit disséminé.
Je suis d’avis qu’il faut effectuer cette simple prise de sang chez tous les
hommes de 50 à 75 ans ayant une espérance de vie de 10 ans ou plus.
Nous verrons dans l’avenir qui a raison mais en attendant je la recommande.
Réf. : European Study of Prostate Cancer Screening— 23-Year Follow-up. Monique J. Roobol et coll.
NEJM October 30, 2025, vol. 393 no. 17, pages 1669-1680.